La République démocratique de Corée : une démocratie unique en son genre

La Corée du Nord a annoncé avoir réalisé son premier essai de bombe H le 6 janvier 2016. Dictature et bombe nucléaire ne font pas bon ménage… Les réactions internationales ont été nombreuses suite à cet essai… La France estime que c’est une « violation inacceptable des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU ». Le ministre des Affaires étrangères belge, Didier Reynders, appelle Pyongyang, la capitale à « arrêter immédiatement son programme illégal d’armes nucléaires ». Les États-Unis mettent en doute la réalité de la réussite de cet essai de bombe à hydrogène.

La Chine, pourtant principale alliée de la Corée du Nord déclare s’opposer fermement à cet essai nucléaire.
Afin de discuter de la légitimité et des conséquences de cet essai, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni en urgence le 6 janvier dernier. Il a « condamné fermement » l’essai nucléaire. Le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon considère celui-ci comme « profondément déstabilisant pour la sécurité régionale ».

Tout ceci est bien rassurant ! Décryptage de ce pays singulier.

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Sa tête sympathique et son grand sourire chaleureux ne vous disent rien ? Il s’agit du leader communiste Nord-Coréen : Kim Jung Un, fils de Kim Jong-il, lui-même leader, petit-fils de Kim Il-sung, fondateur et premier président de la Corée du Nord (pas très communiste tout ça, plutôt royaliste !). Son Etat, la Corée du Nord, ou République populaire démocratique de Corée (RPDC) couvre la partie nord de la péninsule coréenne située en Asie orientale. La capitale du pays est Pyongyang. La Chine, la Russie et la Corée du Sud sont des pays limitrophes de la Corée du Nord. La Chine et la Russie sont des alliés de la Corée du Nord alors que la Corée du Sud, elle est l’ennemi numéro 2 de Kim, après les Etats-Unis. La Corée du Nord compte environ 25 millions d’habitants. 25 millions de personnes qui ont le choix entre le parti communiste ou…le parti communiste (qui a parlé de dictature ?). En effet, la République populaire démocratique de Corée a sa définition bien à elle de ce qu’est la démocratie : elle propose un parti unique.

L’idéologie officielle du pays est le « Juche », doctrine basée sur l’autosuffisance développée par Kim Il-sung, (le grand-père). Ce régime communiste, de type stalinien, fonctionne selon une logique totalitaire. Il mobilise un culte de la personnalité autour de Kim Il- sung et a l’un des plus bas niveaux de droits de l’homme au monde. Une commission d’enquête de l’ONU a estimé en 2014 que des centaines de milliers d’opposants politiques ont péri dans des camps depuis les années 1960 et que sont détenus dans ces camps plus de 100 000 prisonniers politiques à ce jour. D’autres sont « purgés » (entendez « tués »), à l’instar de l’oncle de Kim Jong-un et de dizaines d’autres hauts cadres du régime récemment. La Corée du Nord est le pays le plus militarisé au monde en ce qui concerne la proportion de la population engagée dans les forces armées avec un total de 9 495 000 hommes engagés.

 Il existe un système d’ilotage permettant à un responsable de surveiller les habitants par groupes de maisons ou immeubles. Ainsi, tous les déplacements de la population peuvent être rapportés aux autorités en cas de suspicion. L’embrigadement de la population commence dans le berceau des nouveau-nés, qui s’endorment le soir en écoutant des chants à la gloire du leader, chansons qu’ils apprendront par la suite à l’école. Les enfants sont en e et élevés dans l’émerveillement du leader.
Sympa. Ça, c’est pour le contexte global.

Red Star, la star de la censure

Alors que les ordinateurs nord-coréens fonctionnaient sous Microsoft Windows avant 2002, c’est à cette date que le régime a décidé de développer son propre système d’exploitation, nommé « Red Star ». Ce système d’exploitation n’est utilisé qu’à l’intérieur du pays. Il comporte entre autres un navigateur internet, nommé « Naenara » (signifiant « mon pays »), un logiciel de traitement de texte et un antivirus. On peut dire qu’aujourd’hui, Red Star est un véritable clone d’OS X, alors que son interface ressemblait auparavant à une interface Windows.

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La version 3.0 de Red Star est disponible depuis le début de l’année 2015 et permet au régime de contrôler les activités des internautes sur les ordinateurs. En e et, selon les chercheurs allemands Niklaus Schiess et Florian Grunow, qui ont pu analyser ce système, à chaque fois qu’une clé USB contenant des fichiers multimédias est branchée à un ordinateur équipé de ce système, une marque unique et invisible leur est apposée afin de savoir qui a transféré des fichiers. D’autre part, tout changement fait au code du système d’exploitation est détectable. Il entraîne un redémarrage immédiat de l’ordinateur, ou devient inutilisable. C’est une manière comme une autre d’imposer sa volonté… !

Alors qu’une majorité d’ordinateurs nord-coréens fonctionnent sous Microsoft Windows, Red Star se répand de plus en plus.

Les Desperates Housewives sauveront-elles la Corée du Nord ?

Les frontières du pays sont infranchissables sans que le gouvernement ne soit au courant et surveille de près les visiteurs étrangers. Des activistes américains ont réussi à y envoyer illégalement des milliers de clés USB contenant des films et des émissions télévisées américains, tels que Titanic, Le Dictateur, Friends ou Desperates Housewives.

Vous avez ri ? C’est pourtant bien réel ! Quel meilleur moyen pour dénoncer le régime que de donner l’occasion aux nord-coréens de voir ce qu’il se fait à l’extérieur de leur pays en matière de culture populaire ? C’est Human Rights Foundation (Fondation des droits de l’Homme) et Silicon Valley non-profit Forum280 qui ont lancé le projet, en demandant aux américains de donner leurs clés USB afin que les activistes chargent sur ces clés une sélection de films et d’émissions télévisées, avant de les envoyer en contrebande en Corée du Nord. Efficace ? Un contrebandier basé, souhaitant garder l’anonymat, affirme que ce projet est “extrêmement populaire” parmi ses concitoyens. Selon lui, les documentaires pédagogiques sur la façon de gérer une entreprise sont particulièrement les bienvenus, car ils offrent une vision alternative du monde extérieur, contredisant la propagande du gouvernement du pays. Mais avec l’arrivée de Red Star 3.0, en 2015, les clés USB ne pourront plus être autant lues. Au-delà des clés USB, beaucoup d’autres méthodes de contrebande d’information sont utilisées en Corée du Nord par les activistes, comme entre autres l’envoi de lecteurs multimédias portables et de ballons contenant des informations, ou encore le lancement depuis la Corée du Sud, de dizaines de milliers de tracts dénonçant le régime de Pyongyang au moyen de ballons gonflés à l’hélium.