La DGSE, c’est quoi ?
La Direction Générale de la Sécurité Extérieure est l’un des trois principaux services de renseignement français avec, entre autres, la DGSI (Direction Générale de la Sécurité Intérieure) et la DRM (Direction Renseignement Militaire). Elle emploie 6.100 personnes
pour un budget de 750 millions d’euros, soit 2% du budget total de la Défense. Attendez, on fait le calcul : 50 milliards d’euros pour le budget total…. ! Outre ses actions secrètes à l’étranger, la DGSE fournit 7000 notes par an en moyenne au président de la République et au gouvernement. Là aussi on fait le calcul : 19 notes par jour en moyenne.
Mais comment devient-on espion ?
Le colonel Henri, qui dirige la formation des jeunes recrues à la DGSE, estime qu’il faut environ quatre ans pour fabriquer un bon agent et l’envoyer en mission. Les épreuves portent sur une note de synthèse, une question de géopolitique et un test de langue étrangère. En cas de succès, le candidat passe devant un jury avec des épreuves de « mise en situation ». Le recrutement dépend aussi d’un résultat positif à une enquête visant à « habiliter » au secret. L’écrémage est particulièrement sélectif, pour ne retenir que le
meilleur, afin d’exclure de la compétition toutes les personnes menacées de fragilité sur le plan psychologique. Espion, un métier à la mode ?
Le nombre de postulants à la DGSE a triplé depuis les attentats de Charlie Hebdo, et le budget de recrutement augmente. Mesdames, messieurs, c’est le moment de sauter dans le grand bain. Vincent Nibourel, directeur adjoint de l’administration de la DGSE confie “Avant, on recevait une trentaine de candidatures par jour, aujourd’hui environ une centaine”. Pour Sandrine, l’une des responsables du recrutement, les attentats de Charlie ont développé chez beaucoup de personnes un besoin de servir le pays, d’être disponible pour lutter de près et efficacement contre le terrorisme.
En 2014, les agents en formation ont suivi plus de 7000 stages répartis sur une soixantaine d’ateliers, tels que filature, contre-filature, déguisement pour échapper à la vidéosurveillance, sécurisation, langues étrangères, etc. Un parcours intensif et difficile.
« On ne cherche pas des croisés pour se battre contre les djihadistes mais des jeunes qui comprennent le monde »
Vincent Nibourel, directeur adjoint Administration de la DGSE
Ce métier séduit de plus en plus de jeunes. Mais qu’en pensent les recruteurs ?
Le colonel Henri ironise « Le défaut des jeunes de cette génération par rapport à leurs prédécesseurs ? Ils ne sont pas assez paysans ! Pas assez débrouillards, certains arrivent sans avoir le permis de conduire et ne savent pas changer une roue. Ils ont aussi une vision un peu Bisounours de la société ». Nicolas Wuest-Famose, porteparole de la DGSE complète « Il est aussi très compliqué pour nous de traiter le besoin de communiquer de cette génération Y, très scotchée à Facebook, Twitter et aux Copains d’avant ». Quant à Vincent Nibourel, il précise qu’« il faut que ces jeunes apprennent très vite qu’ils ne seront pas les vedettes des soirées en famille ou entre amis, nous leur demandons à la fois de l’humilité et d’être des caméléons, capables à l’issue de leur formation de pouvoir se sentir aussi à l’aise dans le Sahel qu’à Zurich ».